La ruralité, un terrain de coopération(s), d’expérience(s) culturelle(s) et artistique(s)
Le territoire «fait» le projet culturel
On ne choisit pas d'être rural, on l’est ou on le devient.
Le projet culturel «fait» le territoire.
Territorialiser signifie donner un sens politique à l’espace
La notion de ruralité revêt un ensemble de représentations à la fois fantasmées, romantiques, lointaines et qui potentiellement amoindrit sa force.
Venir ou vivre en Ardèche implique nécessairement de monter dans une voiture car ni
gare, ni aéroport, ne la desservent; les services de bus sont principalement dédiés aux transports scolaires ou au fret de voyageurs vers les gares ferroviaires hors département.
Il faut donc prendre la route pour aller vers un village, une petite ville, une école, un coin, vers des personnes, des ami·es, une chambre d'hôte, un camping, un spectacle, un restaurant, ou encore un cinéma.
Ce premier mouvement impose d’emblée à chacun·e, qu’il ou elle soit touriste ou habitant·e, un rapport au temps singulier; celui d'un temps épais, celui d’un temps long qui invite à regarder avec profondeur les fenêtres d’horizons, au travers des monts escarpés qui dessinent son panorama.
Circonscrit par l’alternance de plaines, de micro-vallées et de montagnes, l’horizon est proche, comme atteignable du bout de la main.
Le département de l'Ardèche, et là je m’attache à dépeindre son versant méridional — depuis le col de l’Escrinet vers ses Gorges dans le sud — est d’abord une aventure paysagère, escarpée et sinueuse, où la route pour “aller vers” ne se calcule pas en kilomètre mais en temps.
Un temps qui se dissout dans sa mesure tant il invite à plonger son appréhension dans sa pleine dimension, vaste, montagneuses, parsemée d’habitations à flanc de colline, de passage de vallée en vallée.
Le sens topographique et d’habitat, est organisé par le sens des cours d’eau, dessinant des vallées et des bassins de vie, dont pour en sortir, il faut gravir de petits cols, ou encore enjamber des rivières.
Ce rapport au temps particulier s’instille dans les modes relationnels aux autres et à l'agir.
Le temps passé à voyager n’est pas consacré à autre chose, il prend “de la place dans l’agenda”, il impose de prévoir et de prévenir pour notre venue, il nous demande de préparer nos activités avec patience, persévérance, continuité et réitération.
Coopération en territoire rural
C’est par un mouvement d’acculturation réciproque que s'écrit la réussite des projets culturels.
Il est nécessaire d’opérer un changement de focale pour définir les critères d’évaluation et d’expertise de territoire, en s'appuyant sur les habitudes et les usages, les pratiques quotidiennes, la nature du rythme des personnes et des activités.
Aussi nous ne pouvons pas user des mêmes critères d'évaluation en ruralité qu’en centre urbain ou péri-urbain tant il faut prendre en compte :
la nature des publics auxquels on s’adresse ainsi que leur situation géographique ;
la capacité de mise en oeuvre des politiques culturelles ;
la présence et le nombre des acteurs artistiques et ou culturels structurés dans le secteur.
Ce qu’impose ce territoire est de traverser ses contraintes topographiques et sociologiques, pour en faire un atout afin de développer de nouvelles compétences expérientielles.
On apprend à faire “avec” et non sans
avec des places publiques, des espaces en milieu naturel, des cours d’écoles, des lieux patrimoniaux, des amphithéâtre naturels,des salles des fêtes , des cinémas, des piscines, des lieux insolites.
avec des coopérations à l’échelle de cette géographie humaine.
avec les différents acteurs du territoire spécifique (commune, acteurs sociaux éducatifs et culturels,associations locales, habitants, hébergeurs, restaurateurs, etc.).
avec chacun pour s’adresser à tous.
pour des publics multiples et non pour un public.
On découvre
le goût de la débrouillardise
la force et les atouts de ce territoire escarpé
l’hospitalité
les rencontres multiples
les liens de partenariat
la confiance et l’interconnaissance.
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